Découvrir les villages du piémont cévenole, c’est comme faire un voyage dans le temps, le temps des 17ème et 18ème siècle et sa résistance protestante, le temps du 19ème siècle et ses industries artisanales.
C’est aussi un formidable bain de nature, dans des paysages de garrigue, de vignes et de monts cévenoles boisés et sauvages…
Accueillis chaleureusement par Olivier à Saint Hippolyte du Fort, dans une ambiance détendue, notre groupe de 7 voyageurs, fut d’abord convié à une petite balade de deux heures dans les environs immédiats.
Nous avons atteint ainsi un point de vue rocheux dégagé sur le vallon du Coulet. A notre redescente, Pascal nous attendait pour une visite du village et de son temple de l’Église réformée, l’un des plus grands de France, construit grâce aux pierres des remparts.
En effet, après la révocation de l’édit de Nantes, Louis XIV avait entouré Saint Hippolyte du Fort de remparts afin d’enfermer et contrôler ses habitants majoritairement protestants. Avec ses ruelles étroites et ses demeures aux façades austères, Saint Hippolyte du Fort tire son charme de ses vestiges de fortifications et de sa proximité avec la vallée du Vidourle. Nous avons découvert son histoire grâce à l’érudition et la passion de Pascal.
La journée du lendemain fut empreinte de verdure. Verdure des légumes frais achetés au marché en vue de l’atelier cuisine le matin, puis verdure champêtre au long de la visite botanique de l’après-midi. C’est sous la houlette du chef Théo et grâce à la mise à disposition de la cuisine d’Olivier que nous avons épluché, taillé, accommodé fèves, pois et asperges en vue d’un déjeuner dégusté tous ensemble. Plaisir des yeux et plaisir des papilles devant nos assiettes colorées, mais dont nous ne vous dévoilerons pas toutes les recettes…
L’après-midi, dans un parc magnifique appartenant à la Communauté l’ « Accueil Montfortain », Florence nous a fait marcher au pas du botaniste, « plus lent que le pas de l’âne », pour découvrir les noms et vertus de nombreuses espèces. Sa connaissance des plantes nous a stupéfiés et elle répondait sans hésiter à nos questions. Saviez-vous qu’une pâquerette n’est pas une fleur, mais un capitule, composé de fleurs tubulaires (au centre jaune) et de fleurs ligules (les mal-nommés pétales) ? Que dans le maceron, tout est bon ?
Samedi, départ à bicyclette par la voie verte pour Sauve, village moyenâgeux à flanc de côteau, baigné par le Vibourle. Un membre de l’association « Sauve est là », Jean-Raymond nous guide à travers les ruelles et nous commente l’histoire très riche de ce village classé et protégé. Installé dès 1029 autour d’une abbaye bénédictine, le village a connu lui aussi les antagonismes entre catholiques et protestants qui se retrouvent dans les édifices et l’urbanisme. Ponts, portes, escaliers, tours, témoignent des évolutions à travers les siècles, jusqu’à la bonneterie au 19ème siècle et la culture des cerises au 20ème siècle, expédiées dans toute l’Europe grâce au chemin de fer. Notre seul regret fût la fermeture des musées. Nous complétons cette visite historique par une randonnée au-dessus du village, dans la mer des rochers, formations calcaires aux formes étonnantes mêlées à la
forêt. Nous sommes accompagnés par une conteuse, Danièle, créatrice de ses propres textes, rédigés à partir des récits et souvenirs des anciens du village. Ainsi, mémoire et lieux prennent vie pour nous.
Le quatrième jour, il est temps de s’aventurer dans les monts de l’arrière-pays par de toutes petites routes traversant hameaux et villages authentiques et de repérer les anciennes magnaneries et filatures. Mais non sans avoir auparavant assisté à un spectacle étonnant dans la maison du descendant d’une ouvrière de filature, et première femme syndicaliste. Ainsi familiarisés avec la vie pastorale, notre route et notre balade en forêt prennent tout leur sens. Nous découvrons des vues magnifiques sur les monts et vallées cévenoles.
C’est avec regret que se termine notre séjour. Nous remercions chaleureusement Olivier pour son organisation et pour les activités très variées, qui nous ont offert une approche multiforme de ce territoire et de son riche patrimoine.
D’après Isabelle DUFOUR, membre du Comité Directeur 2021
NOS VOYAGES DANS LES CÉVENNES :